Saturday, December 22, 2007

Un petit commentaire d'une émission radio

Sur l’interview de rouzel je n’ai pas grand chose à dire.

Par contre sur le débat qui a suivi, il y a pas mal de choses à dire.

-Pas un travailleur social dans le débat ! Quelques psy … qui se tutoient bien vite, et qui glosent sur ce que le travail social devrait être. Pour écouter cette émission jusqu’au bout, il faut du coup pas mal d’abnégation. On a droit à de jolis couplet d’une psychanalyste qui dénonce la manière dont les éducateurs se payent sur le dos de la bête. D’ailleurs cette même personne continue à analyser de très très haut le travail social en finissant par énoncer des critiques telles que : « Le travail social qui vient prendre la place du lien social ». Mais de quel travail social parlons nous ? Celui des assistantes sociales ? des éducs en IME ? de ceux en AEMO ? Rien que des généralités floues, tellement floues qu’elle viennent à se rendre ridicules à force d’imprécision et d’amalgames.

Sur l’interview que les invités sont amenés à commenter… nada ! Ah si l’utilisation du mot « racaille » que d’ailleurs j’estime assez malheureuse bien que rouzel l’adosse au terme « sauvageon » pour bien éviter de n’en rester qu’à sarko et a bien mettre l’accent sur la question de la stigmatisation plutôt que de l’attaque idéologique. En dehors de ce procès d’intention bien malheureux, car celle qui le tient ne connaît pas l’auteur… que dalle. De là à penser que la meilleure défense (pour ne pas dire qu’on n’en a rien a dire) c’est l’attaque, il n’y a qu’un tout petit pas. Rien sur Aichhorn, pas plus sur Deligny On a affaire à des personne qui ne connaissent pas du tout le sujet sur lequel elle doivent parler.

Au fonds ce moment radiophonique est une très bonne illustration de la difficulté des travailleurs sociaux à parler de leur travail. C’est en effet difficile. La réalité professionnelle de Ségolène le Boulicaut qui dit travailler dans une association pour personnes handicapées mais qui explique ensuite travailler essentiellement dans des CLISS (éducation nationale) est très très éloigné de la réalité professionnelle d’une éducatrice prenant en charge des enfants polyhandicapés.

Il aurait fallu pour que cette émission ait un sens, c’est à dire que les propos tenus soient plus ou moins en lien avec ce qu’est le travail social, quelques représentants des différents métiers du secteur et non ces personnes qui n’ont aucune légitimité pour évoquer ce sujet.

Interview :

http://estelaprod.free.fr/Radio/Interview.05.12.07.1.mp3


Débat :

http://estelaprod.free.fr/Radio/Debat.14.12.07.1.mp3

Saturday, December 15, 2007

pipotron, blablator et autre jenclaudtron

Parois la tentation est grande de faire du blabla, de remplir le vide des lignes par un alignement de mots sans sens mais faisant joli. Par bonheur le net nous propose une assistance qui sera sans doute très utile à tous les étudiants.

A utiliser avec modération tout de même (sauf le jenclaudtron)


http://www.w3perl.com/fun/management/pipotron.html


http://www.charlatans.info/blablator.html


http://www.szarah.org/seuilscritiques/litter11.html

http://www.lri.fr/~burelle/JenClodTron/JanclodTron.htm

Monday, October 15, 2007

Une revue a lire et relire

En septembre 2005, avec le décès d’Armand Touati, s’arrêtait l’aventure éditoriale de Sciences de l’Homme & Sociétés (anciennement Cultures en mouvement).

Ses amis et d’autres ont décidé de relancer l’esprit de son

projet en créant CULTURES & SOCIETES Sciences de l’Homme.

Cette nouvelle revue, trimestrielle, à comité de lecture, sera :

scientifique (son comité en faisant foi) offrant un regard résolument, et à chaque numéro, transdisciplinaire sur des problèmes de société ;

ouverte aux signatures les plus diverses, permettant à de jeunes chercheurs d’essayer leur plume à coté des plus éminents spécialistes ;

curieuse, s’intéressant aux questions contemporaines ;

espace de rencontres, en sortant des cercles restreints pour croiser divers réseaux.

Comité scientifique :

Michel Autès, Georges Balandier, Francine Barthe, Boris Cyrulnik, Christine Delory-Momberger, Pierre-André Dupuis, Jean Duvignaud, Paul Fustier, Florence Giust-Desprairies, Antonio Guerci, Rémi Hess, Françoise Hurstel, Martine Lani-Bayle, François Laplantine, Daniel Lins, Paulo Henrique Martins, Cosimo Marco Mazzoni, Guy Ménard, Alfredo Milanaccio, Jean Oury, André Rauch, Claude Rivière, Christoph Wulf.

Comité éditorial :

Roger Dadoun, Jean Ferreux (Directeur de publication), Thierry Goguel d’Allondans (Rédacteur en chef), Jean-François Gomez, Pascal Hintermeyer, David Le Breton, Nancy Midol, Joseph Rouzel, Yolande Touati.

Correspondants :

Avec plus d’une centaine de correspondants en régions et à l’international (Algérie, Allemagne, Bali, Belgique, Brésil, Bulgarie, Italie, Liban, Pologne, Portugal, Québec, Roumanie, Sénégal, Suisse, Tunisie, Vietnam…).

Parutions 2007 /2008 :

N°1 : « Renaître » Responsable du dossier : Pascal Hintermeyer – 1er trimestre 2007.

N°2 : « Les sens. Une anthropologie du sensible » Responsable du dossier : David Le Breton – 2e trimestre 2007.

N°3 : « Papa, maman, c’est fini ? Les nouvelles parentalités » Responsable du dossier : Richard Desrosiers – 3e trimestre 2007.

N°4 : « Psychanalyse et lien social » Responsable du dossier : Joseph Rouzel – 4e trimestre 2007.

N°5 : « Le coup de foudre » Responsables du dossier : Jean-Pierre Klein et Françoise Monnin – 1er trimestre 2008.

N°6 : « Les nouvelles religiosités » Responsables du dossier : Guy Ménard et Philippe Saint-Germain – 2e trimestre 2008.

N°7 : « Tourismes » Responsables du dossier : Franck Michel et Jean-Marie Furt – 3e trimestre 2008.

N°8 : « Monstres, chimères et handicapés » Responsable du dossier : Jean-François Gomez – 4e trimestre 2008.

Les propositions de contributions aux dossiers, d’articles hors thème, de recensions d’ouvrages sont à adresser au siège social de la revue :

POUR s'abonner :

Téraèdre

48, rue Sainte Croix de la Bretonnerie – 75004 Paris

teraedre@wanadoo.fr

Sunday, July 08, 2007

Loi 2002-2 : au-delà de la prestation, l'éducation

sur ce point. Certains parlent de « co-éducation ». Pour ma part je préfère évoquer l’« éducation spéciale » dans le sens que Joseph Rouzel lui donne. L’éducation spéciale se fonde sur le constat que le lieu principal de l’éducation, la famille, ne suffit pas, par défaillance du milieu ou par des difficultés spécifiques liés à une maladie, un handicap... Il faut donc associer à cette éducation de départ, délivrée par la famille, une éducation spéciale qui viendra la soutenir. Dans tous les cas, ces dénominations ont pour mérite de faire ressortir la véritable essence du travail éducatif, qui n’est pas simplement pédagogique (la transmission des savoirs) ou normatif (l’intégration des normes sociales). Il est aussi constitué d’une part affective.

Trois facettes de l’éducation spéciale, trois paradoxes.

De nombreux enfants confiés aux maisons d’enfants à caractère social se construisent en référence à leurs éducateurs au moins autant que par rapport à leur milieu familial. Avec eux, il faut faire un travail d’intégration des normes sociales, délivrer un certain nombre de compétences, mais aussi et surtout donner un environnement affectif rassurant et stable. Il faut que les éducateurs « sachent puiser dans leurs réserves d’amour », comme le recommandait Winnicott. Or la rencontre affective ne peut être contenue dans une prestation contractuelle, garantie et évaluable. C’est le premier paradoxe.

Le deuxième se repère bien lorsque l’on observe le travail éducatif sous l’angle de l’autorité. En effet, si ce travail consiste, entre autres, à aider l’autre à entrer dans l’ordre du langage, c’est-à-dire à civiliser ses pulsions, alors il faut bien envisager une certaine forme d’autorité. Or il y a quelque chose d’étrange à vouloir contractualiser l’autorité. Dans le cadre du projet personnalisé, on imagine ainsi un enfant donner son accord et signer pour qu’on lui refuse un certain nombre de ses demandes ! La forme contractuelle qui est promue et imposée par la loi s’accorde mal avec l’autorité. Il en découle des situations assez complexes où des parents à qui l’autorité judiciaire a retiré leur enfant sont amenés à signer un projet personnalisé proposé par l’établissement d’accueil, alors que leur principal besoin exprimé pourrait être qu’on leur rende leur enfant !

Un troisième paradoxe se situe autour de la dimension pédagogique du travail éducatif. En effet, un éducateur doit aussi transmettre des connaissances ou des savoirs. De nombreux établissements éducatifs proposent une prestation pédagogique avec une école adaptée en interne. Or, s’il est possible de garantir un certain nombre de moyens, il n’est pas possible de s’avancer sur les résultats ainsi que sur l’opportunité de telle ou telle méthode.

En lisant ces lignes, certains pourraient en tirer la conclusion qu’il faut changer la loi. Pourtant, tel n’est pas mon message. D’une part, la relation éducative ne peut se passer d’un cadre (législatif, administratif…) sans lequel elle se trouverait déstructurée et d’où elle tire sa légitimité. D’autre part, le cadre institutionnel a pour finalité que les personnes prises en charge puissent nouer une relation éducative bénéfique. Le triptyque de l’éducation spéciale (normatif, pédagogique et affectif) et la logique des prestation et des besoins à satisfaire sont indispensables l’un à l’autre, tout en étant parfois antagonistes. Ceux qui les opposent passent à côté de la richesse qu’il peut y avoir à prendre en compte ces tensions.

Le jeune dont j’ai parlé plus haut a tout naturellement droit à des conditions d’accueil correctes. Il est légitime qu’il puisse formuler ses besoins et les confronter avec les réponses que l’institution peut lui faire. Mais si l’institution en reste là, elle perd toute son efficacité. Les éducateurs doivent pouvoir élaborer un savoir particulier à propos de ce jeune-là, pour pouvoir soutenir ses initiatives positives et inventer des solutions originales. La réforme de la loi de 1975 est venue rajouter de nouvelles obligations, elle n’a pas supprimé les anciennes ! Pour l’institution, la reconnaissance de ces deux niveaux d’intervention a des conséquences très concrètes. Il lui faut structurer ses instances de réflexion d'équipe pour consacrer du temps à l'élaboration du projet personnalisé, sans négliger la construction du regard éducatif collectif sur la problématique propre de l'usager, la manière dont il s'empare du dispositif, ses contradictions…

L’éducateur tire sa légitimité de la loi qui organise et structure son métier. Pourtant, dans sa pratique, la relation éducative le conduit dans des domaines où la loi ne se prononce pas. Bien des discussions inutiles pourraient être évitées s’il existait une reconnaissance de l’importance de ces différents étages de l’édifice et de ces tensions. La réforme des diplômes ou encore l’évaluation des pratiques pourraient être envisagées d'après ce canevas, on y gagnerait en efficacité !

(1) Les mots « éduquer », « éducatif », « éducateur » sont absents de la loi 2002-2, ainsi que de la loi « handicap » du 11 février 2005.

Article paru dans les ASH du 6 juillet 07