Tuesday, February 21, 2006

l'évaluation dans le travail éducatif

Depuis de nombreuses années, l'évaluation du travail social prend une place toujours plus grande, ce qui, au final, gêne beaucoup les éducateurs.

En effet, nous avons beau jeu, maintenant, de stigmatiser l'idéologie scientiste et managériale qui sous tends beaucoups de projets d'évaluation actuelle. Mais c'est à nous (collectivement) que nous devons cette situation. En effet, l'idéologie dominante des éducateurs, depuis très longtemps n'a retenu que la partie clinique du mot. Maurice Capul et Michel Lemay expliquent bien dans leurs livre, de l'éducation spécialisée, comment l'évaluation s'appliquait aux enfant dont on cherchait à cerner les difficultés. Par contre, l'idée d'évaluer les pratiques n'est apparue qu'avec la décentralisation et l'interrogation, légitime, des financeurs sur l'efficacité des actions.
Cette pression n'a fait que croître depuis les années 80, et nous n'avons pas su faire autrement que nous positionner en opposition, en résistance, plutôt que de chercher à utiliser l'évaluation pour rendre plus claire et lisible notre travail.

Car il faut bien reconnaître que vu de l'extérieur, le fonctionnement d'une institution éducative est particulièrement opaque. On ne sait pas forcément à qui s'adresser, on n'a pas facilement de réponses lorsqu'on a une question au sujet d'un enfant...etc. J'ai pu le constater (avec une certaine surprise d'ailleurs) lorsque j'ai quitté les institutions éducatives pour le milieu ouvert.

Nous vivons donc, avec la réforme de la loi de 75 (loi du 2 janvier 2002, et loi du 12 février 2005) l'aboutissement de cet affrontement idéologique qui dure depuis pas mal de temps... et nous perdons! Ou plutôt, nous courons un risque très important. En effet, nous risquons que la rage évaluative emporte tout sur son passage et nous oblige à tenter de tout évaluer, même ce qui ne doit surtout pas être évalué. Par exemple, lorsqu'on cherche à savoir ce qui se passe vraiment, ce qui est dit, ce qui est fait... dans une équipe d'éducateurs on court le risque de démolir leur autorité. Lorsque l'évaluation devient suspicion, alors on attaque clairement la fonction de l'éducateur et on l'empêche de faire son travail. Or nous n'en sommes plus très loin!

C'est souvent sur ce qui convient de faire que les divergences apparaissent. Pour ma part, je pense qu'il faut prendre à bras le corps cette question de l'évaluation. Nous devons être les maîtres d'oeuvres de nos propres techniques d'évaluation et produire des écrits, éclairant nos pratiques et expliquant au financeur qu'il y a certaines zones auxquelles il n'aura pas accès. C'est seulement de cette manière que nous pourrons éviter que des règles venant de l'extérieur nous soit imposées.